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Retour sur l’atelier de sensibilisation sur les violences faites aux femmes viva…


Retour sur l’atelier de sensibilisation sur les violences faites aux femmes vivant avec un handicap, en direction des associations féministes.
Le Jeudi 20 Octobre, s’est tenu un atelier de sensibilisation sur les violences faites aux femmes vivant avec un handicap. L’atelier organisé par la fédération algérienne des personnes handicapées s’est tenu au niveau de l’institut national de santé publique. Cette séance de sensibilisation a été préparée et dirigée vers les associations féministes qui travaillent sur les violences faites aux femmes.
Dans son mot d’ouverture, madame El Mameri Atika, présidente de la fédération, a alerté sur le danger d’enlever le mot handicap du langage courant, pour le remplacer par des expressions qui ne veulent rien dire et qui rendent le handicap encore plus tabou. En : parlant des personnes à besoins spécifiques, elle a interrogé la salle pour savoir s’il y avait un humain qui n’avait pas ses propres besoins spécifiques.
Madame Amina Laouadj coordinatrice des projets de la fédération, a insisté sur les doubles violences et discriminations que vivent les femmes en situation de handicap, d’ailleurs elle précise que la grande majorité des personnes qui vivent avec un handicap et qui sollicitent la fédération sont des femmes. D’où l’intérêt de cette rencontre ou sont invitées les associations féministes qui doivent réaliser que les questions relatives aux violences sont souvent des problèmes de femmes et non pas particulièrement des problèmes d’une personne handicapée, et donc elles doivent assurer l’accompagnement comme pour n’importe quelle femme, et doivent intégrer dans leurs plaidoyers sur les violences les besoins des femmes vivant avec un handicap, et les travaux des associations concernées directement par le handicap.
En matière de droits humains, la définition du handicap est centrée sur la personne et non pas sur le handicap, et c’est ce qui donne les outils de réflexion d’une société basée sur l’inclusion : si le handicap est défini dans ce cas par un accès réduit à la vie sociale et aux droits, les outils nécessaires pour surmonter les obstacles liés au handicap, pour avoir une vie sociale sont les outils d’une inclusion réelle sans avoir recours aux schémas classiques et réducteurs envers les personnes handicapées qui particulièrement pour les handicapé.e.s moteurs ne veulent pas de pitié, mais des droits et une vie de citoyen.ne.s à part entière.
Dans cet atelier les intervenantes dont madame Hazzi Assia ont insisté sur les doubles violences que vivent les femmes handicapées et sur les conventions internationales ratifiées par l’Algérie qui engagent au respect de tous ces besoins et droits abordés.
Il est expliqué au public présent que le handicap en matière de droits humains touche en premier lieu aux facteurs personnels qui vont définir les aptitudes et les habitudes de vie, et ensuite aux facteurs environnementaux qui ont le pouvoir d’ouvrir ou de réduire le champ du possible. Et donc toute personne sensibilisée : (société civile, féministes, institutions, grand public…) pourra activer son rôle d’inclusion en réalisant simplement que l’accès à la vie sociale passe par l’identification et la lutte contre les obstacles qui encerclent les personnes handicapées, et ceci à travers l’introduction des éléments facilitateurs et l’implication inclusive particulièrement dans tout combat contre les violences.
Nous avons compris que le handicap dans la vie quotidienne veut dire : Ne pas pouvoir participer à la vie sociale, et c’est ce qui apparaît dans les témoignages : difficultés de scolariser les enfants handicapés malgré que la loi garantit ce droit, difficultés liées à l’accessibilité et la circulation et pour ce point on aborde l’état des routes et des trottoirs en Algérie, l’architecture des institution ( l’absence d’ascenseurs, de passages adaptés…) plein d’élément que madame Atika qualifie de facteur d’exclusion.
Il apparaît aussi dans les échanges que malgré la bonne volonté, beaucoup d’action en direction des personnes handicapées n’aboutissent pas, faute à l’appropriation de la parole et des décisions, dans les témoignages des personnes concernées présentes lors de l’atelier plusieurs ont rappelé et insisté : RIEN POUR NOUS SANS NOUS. Aussi ce qui n’est pas pertinent même si on y met toute la bonne volonté du monde, est la surprotection surtout des filles vivant avec un handicap. Ça commence dans la cellule familiale et ça finit par être vécu partout, on fait, on pense et on réfléchit à leur place sans considérer qu’on accentue les difficultés de ces personnes pour se développer, pour participer et surtout pour prendre des décisions.
Qu’est ce qu’agir sur les obstacles : c’est tout simplement mettre en place les outils nécessaires pour surmonter ses obstacles : aménager les espaces, adapter les situations (clavier braille…) inclure des moyens pour l’interprétation en langue des signes, choisir des lieux de rencontre adaptés pour la mobilité des personnes en fauteuil roulant ou en béquilles… et le faire sans réfléchir à la place mais plutôt avec les personnes concernées. Madame El Mammeri à ce propos raconte une expérience avec l’hôpital de Ben Aknoune et l’ONG Handicap International dans le cadre d’un projet d’aménagement d’un espace dédié à une éducation spécifique des personnes vivant avec un handicap moteur, pour réapprendre à maîtriser et pratiquer les habitudes de vie, et à sa grande surprise l’espace final était une cuisine car selon les exécuteurs les bénéficiaires sont des personnes vivant avec un handicap de sexe FEMININ !
Agir sur les obstacles c’est aussi inclure comme objectif dans les plaidoyers sur les violences faites aux femmes : la réduction des doubles discriminations que vivent les femmes handicapées et inclure dans les mécanismes d’accompagnement et de signalement des éléments facilitateurs, notamment par rapport à la mobilité. Aussi faire valoir dans les argumentaires les articles qui nomment les femmes handicapées, et qui sont déjà élaborés dans les conventions internationales de par la ratification de l’Algérie : à titre d’exemple la CEDAW et la convention internationale des droits des personnes handicapées, sans oublier les articles de la constitution et du code pénal qui ne trouvent pas de sens dans le quotidien des femmes handicapées à causes des pratiques et de l’absence des moyens qui auraient pu exister.
A propos des violences faites aux femmes handicapées :
Madame Atika El Mammeri dans son alerte, ne dissocie pas les violences que vivent les femmes en situation de handicap des violences que subissent les femmes qui ont à leur charge un enfant voir même plusieurs handicapé.e.s, parmi ces mères on trouvera celles qui sont divorcées et dont la pension alimentaire ne prend pas du tout en considération les frais médicaux et les frais liés aux besoins spécifiques de cet enfant. Madame Atika propose de changer la loi et de calculer la pension des enfants des mères divorcées en fonction des besoins. Elle rappelle par la même occasion que même si la fédération travaille principalement avec des handicapé.e.s moteurs, il ne faut pas oublié les personne qui ont des handicaps intellectuels, ou psychosocial et cite la mère d’un enfant autiste connue par la fédération, qui en plus du fait d’avoir divorcé, a dû démissionner de son travail pour pouvoir s’occuper de son enfant qu’elle a dû déscolariser cette année à cause de la surcharge des classes qu’il ne peut pas surmonter. Un problème récurrent que madame El Mammeri explique comme résultante de l’absence de l’accompagnement institutionnel, d’ailleurs dénonce le fait qu’au lieu de former des professionnels, on pousse les parents à s’improviser auxiliaires de vie pour leurs enfants.
La présidente de la fédération confirme selon les témoignages récoltés, que beaucoup de violences sont liées au fait de traiter les femmes en situation de handicap comme personne asexuée. Ces femmes sont souvent dissuadées voir empêchée par leurs familles d’avoir une vie amoureuse, et de fonder une famille. Dans la société par ailleurs, s’ajoute le regard dévalorisé de ces femmes d’elles-mêmes, l’absence d’éducation sexuelle conjuguée aux pratiques ayant souvent casser l’estime de soi des femmes surtout celles qui ont des vulnérabilités additionnées, telle que la vulnérabilité physique en absence d’outils d’autonomisation. Un tout qui fait des femmes en situation de handicap des proies faciles guettées par les prédateurs masculins, pervers et violents. Pour celles qui ont atteint une certaine autonomie financière, plusieurs ont été victime d’agression et de contraintes pour être dépossédées de leur agent ou biens, d’autres témoignent de mariage violent ou on leur a caché la réalité de la santé mentale du mari car elles sont censées juste accepter à cause de leurs handicaps, d’autres n’ont jamais été inscrites à l’école car femme et handicapée. Certaines en devenant un peu plus autonomes ont été agressées sexuellement dans les transports en commun, et d’autres réussissent à fonder des familles, pour découvrir comme le souligne avec ironie madame El Mammeri, que le personnel médical n’est même pas assez formé pour savoir que les femmes handicapées ne font pas automatiquement des enfants handicapés.
Les cas de violences les plus récurrents selon la fédération sont relatifs à la volonté de désexuer les femmes en situation de handicap, dans les familles certains frères sont choqués par leurs menstruations. Et le pire est de ne pas pouvoir consulter normalement et simplement un.e gynécologue : tout le monde dans l’entourage proche doit savoir ou vont les femmes handicapées, tout le monde veut savoir pourquoi elles ont besoin de gynéco, et tout le monde suspecte des pratiques louches si elles expriment le besoin d’aller voir un.e gynéco, et quand en fin elles finissent chez DR GYNECO : les tables de consultation ne sont pas adaptées, leurs autonomie physique n’est pas suffisante pour leur permettre de se déshabiller puis de se rhabiller dans un cabinet médical et au final la majorité est dissuadée de consulter un gynécologue quel que soit leurs âges. Ce vécu n’est pas dissocié du vécu des autres femmes à qui la société refuse le droit de disposer de son corps.
Femme travailleuse en situation de handicap :
Plusieurs femmes en situation de handicap dans la salle ont témoigné, et ce qui revient c’est la volonté d’exclusion et la discrimination lors des entretiens d’embauche. Une fois recrutées, par la force de la loi ainsi que la persévérance personnelle, on leur demande ouvertement de rester à la maison et de recevoir des salaires sans travailler. Une employée en situation de handicap témoigne : « j’ai passé un concours de recrutement écrit, ma copie de réponse a réussi le concours, et je pense que si le correcteur m’avait vu en face, ça aurait été autre chose » , elle précise aussi qu’elle a refusé de recevoir de salaire en restant à la maison, et que le travail et la lutte pour la liberté et l’autonomie a fait d’elle une femme plus libre que sa sœur qui vit pourtant sans handicap. Elle rajoute que pour elle, le vrai handicap est DE NE PAS AVOIR LE DROIT DE DIRE NON ET DE PAS ÊRTE OUTILLE.E. POUR SE BATTRE.
Une autre médecin du travail en chaise roulante raconte son combat pour être recrutée à l’hôpital de Ben Aknoune, selon la décision de la fonction publique elle était admise, surtout que la loi dédie un pourcentage des postes budgétaires dans les entreprises publiques aux personnes en situation de handicap ( bien que la fédération conteste la formulation non genrée dans les article de la loi en question, ce qui implique souvent le recrutement d’homme en situation de handicap et non pas de femmes.) Pour la médecin qui a témoigné, être admise par la fonction publique ne l’avait pas protégé des tentatives d’exclusion du RH de l’hôpital, on ne l’a pas informée pour tenter de faire passer la durée limite de signature du PV d’installation pour l’obliger à signer après un désistement, en plus on lui a demandé de ramener un dossier relatif à son handicap, des pratiques discriminatoires contraires à la loi qui n’ont pas réussi à la convaincre d’abandonner. Aujourd’hui titulaire du poste, ses collègues se sont excusé.e.s et sont devenu.e.s carrément ami.e.s qui lui demandent souvent des services et de l’aide.
Pour plusieurs femmes en situation de handicap dans la salle, être handicapées ne devrait jamais les empêcher d’exploiter les capacités qui leur restaient, elles expliquent ce que nous sommes sensés prouver savoir et comprendre dans un monde sans stigmatisation et sans discrimination : une personne handicapée pense comme une personne humaine et non pas comme une personne particulièrement handicapée. D’ailleurs elles ne savent même pas ce que signifie penser comme une personne handicapée.

Le débat bilatéral avec les associations féministes et les organisations qui sont impliquées dans la lutte contre les violences faites aux femmes aboutit vers la recommandation de conjuguer les efforts pour mettre en place des mécanismes inclusifs de protection des femmes victimes de violences :
Plusieurs associations ont répondu à l’appel, et ont participé à cet atelier de sensibilisation, dont : l’association Djazaïrouna, le réseau Wassila, Le Journal Féministe Algérien, l’association des femmes élues locales, la commission des droits des enfants et des femmes du conseil national des droits de l’homme…etc.
Les difficultés liées à l’accessibilité et la mobilité, en plus de l’accès réduit à l’information, pour les femmes en situation de handicap qui subissent des violences a mené à une méconnaissance totale des droits, et de la possibilité de déposer plainte. Ces difficultés sont aussi celles des familles ou des proches des femmes en situation de handicap, et sans banaliser les difficultés liées au fait que les associations des droits des femmes manquent terriblement de moyens pour pouvoir accompagner toutes les femmes victimes de violences qui les sollicitent, leur responsabilité pour inclure les femmes handicapées victimes de violences a été évoquée. Ce qui a été recommandé lors des débats, est un travail commun et complémentaire avec la fédération des personne handicapées pour plus d’inclusion et pour une meilleure efficacité.
L’inquiétude commune à toutes a été exprimée à propos de ce que risquent de subir les femmes handicapées intellectuelles. D’ailleurs il a été précisé que beaucoup de handicaps sont invisibles, et les besoins des personnes qui en sont atteintes sont plus difficilement identifiables.
Le débat a soulevé aussi la non pertinence des mesures d’aides matérielles non ciblées. Les personnes handicapées n’ont pas forcément besoin d’aides matérielles et ne sont pas forcément précaires, les besoins communs concernent les droits et l’égalité effective et formelle, et non pas les actions caritatives et les visions portées sur la pitié.

La Journal Féministe Algérien
Le 23/10/2022
FAPH | Fédération Algérienne des Personnes Handicapées






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